Le désordre climatique complique une situation très tendue
À l’été 2023, la FNH s’est dotée d’un Observatoire de la profession. Première enquête après celle des soldes : une étude pour connaître les tendances marché chez les commerces indépendants en 2023.
Au global, 52 % des commerces ont vu leur chiffre d’affaires baisser sur les huit premiers mois de l’année 2023, avec des pertes pouvant aller au-delà des -15 %. Seuls 18 % des répondants à l’enquête ont vu leur chiffre progresser de plus de 10 % sur les 8 premiers mois de 2023.
Les résultats sont extrêmement variés, et les facteurs d’explication sont multiples d’une région à l’autre.
Pourtant, une constante apparaît : chez de nombreux commerçants, la météo explique des chiffres moroses ou des chiffres qui décollent.
« Dans un contexte de canicule estivale ou de fortes pluies, la fréquentation des magasins en centre-ville diminue. Ainsi, 51 % des indépendants ont constaté une fréquentation en recul sur les mois de juin et juillet 2023. » explique Pierre TALAMON.
La météo capricieuse et ses impacts climatiques
Le changement climatique rend la saisonnalité des collections complexes. « Le mois de juillet a été particulièrement difficile sur la côte normande par exemple, avec une météo antinomique à la vente d’une collection printemps-été. En septembre, le mois est marqué par le retour de la canicule, ce qui stoppe la vente des nouvelles collections automne-hiver » analyse-t-il.
Changement climatique et industrie de la mode
De façon plus alarmante, une étude de l’Université Cornell et du gestionnaire d’investissement Schroders vient de paraître et s’inquiète de ce que quatre des principaux pays producteurs de vêtements (le Bangladesh, le Pakistan, le Vietnam et le Cambodge) vont être fortement impactés par le changement climatique dans les prochaines décennies. Outre l’aspect écologique et humain, ces régions pourraient être confrontées à un déficit de 22 % de leurs recettes d’exportation d’ici la fin de la décennie ; coûtant ainsi coûter 65 milliards de dollars à l’industrie de la mode d’ici 2030.
Fashion United, dans son article consacré à cette étude, relate même que ces projections augmentent considérablement pour 2050. Elles se traduisent par une baisse potentielle de 65 à 70 % des recettes d’exportation et une diminution de 8 à 9 millions de nouveaux emplois dans le cadre du scénario « fortes chaleurs et inondations ».
Comment faire évoluer son offre ?
Face à la difficulté d’écouler les collections en saison et la responsabilité de notre consommation globalisée, comment repenser l’offre ? « On sait que la production textile est source d’émissions carbone. La surproduction est donc catastrophique : le gaspillage lié aux invendus n’est plus possible. À l’opposé de ce que propose la fast fashion, il va sans doute falloir repenser nos usages, peut-être en proposant d’inclure dans l’offre davantage de séries limitées ? En tout cas, il faudra adapter une production beaucoup plus souple dans le temps et plus adaptée à la demande. En proposant par exemple des collections avec des textiles plus fins, qui permettent de créer des silhouettes modulables et confortables en jouant sur le layering… Il faut revenir à des pièces plus qualitatives, qui permettent une consommation raisonnée » analyse Pierre TALAMON. « On peut produire et vendre moins, mais mieux : cela signifie qu’il est possible d’augmenter son chiffre d’affaires, malgré une baisse de volumes. Ce n’est pas antinomique. »
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